Quand des cours d'empathie sont enseignés à des élèves de CM2 près de Toulouse.
À l'ouest de Toulouse, à Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne), trois classes de CM2 de l'école Jacques Prévert expérimentent les cours d'empathie depuis le mois de décembre au travers du projet "Bien être" initié par le directeur académique. France Bleu Occitanie a assisté à un de ces cours.
Les cours d'empathie ce sont ces jeux théâtraux voulus par Gabriel Attal pour lutter contre le harcèlement, des cours réalisés par les enseignants habituels des élèves et proposés de la maternelle jusqu'au CM2. 1068 écoles sont concernés en France. En Haute-Garonne à Plaisance-du-Touch au sud ouest de Toulouse, trois classes de CM2, 75 élèves au total, de l'école élémentaire Jacques Prévert expérimentent ces cours depuis le mois de décembre au travers du projet "Bien être" initié par le directeur académique.
France Bleu Occitanie a assisté à un de ces cours avec une demi-classe de CM2. Les élèves ont entre 10 et 11 ans, ils se prénomment Nina, Manon, Arthur, Paul, Nolan, Juluan, Anna, Gaby, Lucas, Emma, Clara et Axel. C'était leur 13ème cours du genre.
Le jeu des trois figures.
Le jeu des trois figures, c'est le nom officiel du jeu théâtral proposé aux élèves, a été créé en 2006 par le psychiatre Serge Tisseron. Il y a l'agresseur, la victime, et le tiers, simple témoin, redresseur de tort ou sauveteur.
Les élèves imaginent collectivement une scénette impliquant des émotions : frustration, joie, colère etc. Dans le cas présent c'est un petit garçon qui met du poison dans le verre de son frère et finit par rendre sa mère malade. Les scénettes jouent cette scénette à tour de rôle puis débriefent. Le cours dure 1h et se termine toujours par une mini-séance de relaxation.
"Avec de l'empathie on comprend plus vite les émotions des autres"
Voici les commentaires des élèves à l'issue du cours. La plupart apprécient mais il y a des progrès à faire pour d'autres : "En fait, les jeux théâtraux, ça peut me servir à ressentir de l'empathie, mais j'aime pas trop parce que j'arrive pas trop à ressentir les émotions des autres" dit un petit garçon. A l'inverse ses camarades de classe racontent : "Moi je trouve que c'est super bien. On peut être ensemble et faire une activité. Et si par exemple quelqu'un est en colère, je peux comprendre pourquoi il est en colère." Un autre ajoute : " Moi je trouve que c'est bien parce que avec de l'empathie on comprend plus vite les émotions des autres et je comprends mieux mes émotions aussi. " Un autre élève précise : "Moi j'aime bien, j'aime jouer avec les autres et ça me permet d'aller un peu plus vers eux et ça m'aide un peu plus à mieux parler en public."
Prendre conscience que ses blagues ne font pas forcément rire celui ou celle qui est visé(e)
La directrice de l'école Jacques Prévert de Plaisance-du-Touch Sandra Lagarrigue rappelle que l'un des objectifs de ces jeux théâtraux est de lutter contre le harcèlement : "Effectivement, on se rend compte dans les situations de harcèlement, notamment à l'école élémentaire, que la problématique, c'est souvent que les enfants ne se rendent pas compte de l'impact émotionnel sur l'autre de leurs actions. Souvent on entend dire que c'était pour rigoler. Sauf qu'on n'a pas conscience que l'autre, ça ne le fait pas du tout rigoler. Et cette pratique du jeu des trois figures, en développant l'empathie chez les enfants, les aide justement à identifier les émotions que l'autre peut ressentir et du coup éviter de rentrer dans ces situations là parce que l'on aura bien identifié que ça va le faire souffrir."
"De belles évolutions dit l'institutrice"
L'institutrice qui donne ces cours a reçu une formation spécifique, elle s'appelle Yara Lecolley et aime voir les élèves se libérer peu à peu et oser prendre la parole : " C'est une pratique assez intéressante. Ce qui est sympa, c'est qu'on se retrouve en demi groupe, ça leur permet de travailler le vivre ensemble, de parler des images qu'ils voient, que ce soit à la télé, sur les écrans, les tablettes. Ils sont très présents dans leur vie. Et donc, à partir de ces images, l'idée c'est de décontextualiser et de créer de nouveaux scénarios. I y en a certains qui, je trouve se sont un peu plus libérés et osent plus prendre la parole. Pour d'autres, c'est encore plus compliqué. On est à la treizième séance, il y en a 20 de prévus, il y a eu des belles et des belles évolutions depuis le début et on va voir comment ça évolue par la suite. "
Auteur : Pascale Danyel
Source : France Bleu