Emission d'Être et Savoir de France Culture
À l'approche de la journée de lutte contre le harcèlement le 7 novembre, bilan des actions et initiatives sur ce sujet, aujourd'hui très médiatisé.
- Jean-Pierre Bellon Professeur de philosophie, co-créateur du programme pHARre
- Benoît Galand Docteur en psychologie et professeur en sciences de l'éducation à l'Université catholique de Louvain (UCL)
- Alexandra Leghmizi Responsable Départementale de lutte contre le Harcèlement scolaire à la Direction des services départementaux de l'Éducation nationale du Val-de-Marne (94)
Dans ses Confessions, en faisant le récit de ses années d’études, Saint-Augustin mentionne déjà toutes les formes de violence présentes au sein de l’école au IVe siècle : celles des maîtres en direction des élèves, celles des élèves contre leurs maîtres et celles, enfin, des élèves entre eux, nous rappelle Jean-Pierre Bellon dans son dernier ouvrage – et c’est peut-être parce que cette violence a pu sembler inhérente à la vie collective des enfants qu’elle a longtemps été sous-estimée par les adultes.
Mais le harcèlement scolaire est désormais un sujet de société. Depuis 2015, le 7 novembre est même devenu la journée de lutte contre le harcèlement, de quoi offrir une grande visibilité médiatique au sujet : des films, des débats sont programmés sur différentes chaînes, des articles seront publiés. Dans le même temps des manifestations s’organisent au sein des écoles : conférences, séances de sensibilisation, expositions, jeux de rôles, ateliers de coopération, présentations d’ouvrages dans les CDI des collèges et lycées, nous apprend le site du ministère de l'Éducation nationale, qui souligne la variété des propositions. L’occasion d’en parler alors qu’un programme national dont le nom est "pHARe" est déployé : quels sont les moyens mis en œuvre, et que vise-t-il juste ?
Alors, au fond, a-t-on progressé collectivement dans la compréhension des causes du phénomène ? Car elle ne fait pas tant consensus, cette compréhension. Et, concrètement, sur le terrain, enregistre-t-on un recul du harcèlement qui sévit entre enfants à l’école et sur les réseaux sociaux ? Il faut rappeler qu’il concerne un élève par classe. Et ce à l’heure où les enfants et les adolescents ne semblent pas particulièrement en pleine forme, si on en croit les données disponibles sur la santé mentale des jeunes français.
Louise Tourret s'entretient avec ses invités : Benoît Galand, docteur en psychologie et professeur en sciences de l'éducation à l'Université catholique de Louvain (UCL), auteur notamment du harcèlement à l'école (collection Mythes et réalités, Retz, 2021), Alexandra Leghmizi, ancienne enseignante d'histoire-géographie en éducation prioritaire au collège, elle est devenue référente harcèlement dans son établissement puis formatrice académique pHARe, elle est aujourd'hui Responsable Départementale de lutte contre le Harcèlement scolaire à la Direction des services départementaux de l'Éducation nationale du Val-de-Marne (94), et Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophie, co-créateur du programme pHARre, co-auteur avec Marie Quartier de Se former en équipe à la lutte contre le harcèlement scolaire (ESF, 2023) et auteur de Renouer avec l'autorité à l'école : 10 mesures immédiates (ESF, 2024).
Dans ce numéro vous entendrez également la voix d'Eric Debarbieux, sociologue de l’éducation, spécialiste des violences en milieu scolaire, auteur notamment de Ne tirez pas sur l’école (2017, Armand Colin).